Le jeudi dernier, je suis allée au film français, La Rafle. Je voudrais vous donner mes impressions de ce film.
De nos jours, il faut beaucoup de courage de faire un film à propos de l’Holocauste. Pas parce qu’il faut être courageux pour traiter d’un thème si dévastateur, mais parce qu’on l’a déjà traité encore et encore, et il faut du courage pour se mettre à un sujet si usé. Aujourd’hui ce n’est pas assez de montrer l’horreur, de raconter l’histoire effroyable de l’Holocauste pour qu’elle ne soit pas perdue. Cela a été fait, on le sait. Un film d l’Holocauste doit présenter quelque chose de nouveau afin de valoir le coup. Malheureusement, La Rafle, réalisé et écrit par Rose Bosch, ne présente rien de nouveau, sauf le rôle de la France dans l’Holocauste, mais la façon de traiter cet événement ne montre aucune perspective pas déjà vue. On marque tout sur la liste de contrôle : les Nazis cruels et dépravés, les juifs pitoyables qui sont forcés de supporter des conditions inhumains, la violence impardonnable, les non-juifs purs qui s’opposent au mal, la manque de complexité à propos de la nature humaine… je l’ai vu et je le trouve agaçant et artificiel.
Quant à le rôle de la France dans l’Holocauste, je suis d’accord que c’est digne d’intérêt que La Rafle est la première à aborder l’épisode le plus notoire de la persécution des juifs français. Mais Bosch n’inculpe guère la France ! Oui, on voit l’officier français qui cède aux Nazis (après une lutte notamment ; il n’est pas prêt à condamner les juifs), mais il me semble que n’importe quelle vilenie la France commet, celles sont diminuées par les sacrifices et la conscience morale de l’héroïne, l’infirmière Annette.
Le film semble aussi avoir deux fins ; la première, quand Jo et son ami regardaient le train sur la route au camp de concentration : une fin qui exprime la manque d’espoir pour les enfants juifs. Mais je devine que les producteurs n’auraient pas aimé cette fin parce qu’elle est sans l’espoir. Alors, on a ajouté la partie où c’est la fin de la guerre et on est au milieu des panneaux cherchant les gens perdus par la guerre. Annette revoit Jo, qui a trouvé des gens qui l’adopteront, et Nono, un petit garçon qui est devenu silencieux (avant il était très joyeux et bavard). Mais je me confondais parce que le sous-titre nous a dit qu’aucun enfant n’a survécu le train… qu’est-ce qui s’est passé avec Nono ? Peut–être j’ai mal compris. Donc, on est ému à la fin : le film émeut et manipule les sentiments mais il n’inspire pas la réflexion. Mais cela, c’est mon interprétation ; j’ai hâte d’entendre les vôtres, même si vous n’êtes pas d’accord avec moi ! J’aime quand les autres me fait voir quelque chose que j’ai manquée dans un livre ou dans un film.
Le nouveau verbe français que j’ai appris cette semaine, c’est « s’enivrer, » qui veut dire devenir ivre, littéralement ou figurativement. C’est grâce à Baudelaire que je l’ai trouve, qui nous donne ces conseils : « Il faut être toujours ivre. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules, il faut s’enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous ! » Alors, je m’enivre de poésie de Baudelaire. « Spleen » me rend toujours de bonne humeur !