Comme Grace je parlerai de la Suisse, mais côté politique ! En parcourant les journaux français sur le web, je suis tombée sur un article très intéressant : la Suisse a voté pour une initiative qui veut contrôler l’immigration en fixant des quotas. Pour la chaîne de TV France 3, cette initiative montre une fracture culturelle entre les cantons germanophones (qui ont voté à 50,3% pour) et les cantons francophones. La Suisse a un système démocratique direct qui permet aux citoyens de voter par referendum. Mais ce vote remet en cause un rapport particulier avec l’Union Européenne (UE) : bien que les Helvètes ne fassent pas partie de l’UE, il existe des accords bilatéraux, permettant ainsi l’ouverture des marchés dans 7 secteurs (transports, recherches scientifiques, échange de produits agricoles, accès aux marchés publics, commerce, et libre-circulation des personnes). En 2012, la Suisse était le 3° destinataire des exportations européennes, et 56% de sa production était écoulée dans l’UE. Alors ce n’est pas la peine de préciser que l’UE ne prend pas très bien ce projet de loi suisse et qu’elle se montre assez pessimiste envers la situation économique de la Suisse.
L’initiative suisse va donc concerner les travailleurs étrangers habitant en Suisse et leurs familles, les travailleurs frontaliers y exerçant leur activité, les réfugiés et les demandeurs d’asiles.
Voici donc quelques explications pour vous clarifier la situation du pays du gruyère :
Le parti à la tête de la Confédération suisse est l’UDC (Union démocratique du centre), un parti plutôt conservateur. Selon le journal Le Monde, ses arguments sont les suivants : la situation devient difficile pour les infrastructures suisses avec la hausse de la population, surtout due à l’immigration (la Suisse compte 8 millions d’habitants, et le nombre d’immigrants a dépassé de 80 000 celui des émigrants), le chômage augmente, la criminalité aussi, et on observe une perte d’identité culturelle dans le management des entreprises. Mais ce vote reflète aussi un sentiment populaire: la peur de perdre leur modèle helvétique et de se dissoudre dans l’UE. Déjà auparavant la Suisse avait exprimé ce sentiment de rejet et de peur en votant contre la construction de minarets et pour le renvoie des criminels étrangers. Il y a aussi un clair décalage culturel entre les villes et la campagne: la majorité des campagnes, moins cosmopolites, ont voté Oui tandis que les villes à fort taux d’immigration ont voté Non.
Du côté du Non, les entreprises pensent que ce repli sur soi est très dommage : le chômage en Suisse n’est que de 3% et le pays compte surtout sur la main d’œuvre étrangère… 160 000 frontaliers français et 60 000 frontaliers italiens et allemands y travaillent, surtout dans le domaine de la santé. Un alsacien se dit donc assez perplexe : pourquoi limiter le nombre d’immigrés si nous contribuons à l’économie de la Suisse ?